Gros, La Bataille d'Eylau
Cartel
Napoléon sur le Champ de Bataille d'Eylau, 9 février 1808
par Antoine-Jean Gros (1771-1833)
1808
huile sur toile
521 x 734 cm
musée du Louvre, Paris

La bataille d'Eylau a eu lieu le 8 février 1807 près d'un petit village polonais; elle voit s'affronter les armées de l'Empire et la coalition russo-prussienne.
La bataille n'est remportée par les français qu'in extremis, Murat renversant le cours du combat en leur faveur par sa charge de cavaliers. Le beau-frère de Napoléon (Murat a épousé Caroline Bonaparte) est donc représenté en bonne place sur le tableau: au centre de la composition.
La scène représente le lendemain du combat; Gros s'appuie sur des descriptions de témoins pour rendre le plus fidèlement possible la scène, et cela passant par le réalisme des détails.
Même si Gros est un peintre de scènes de bataille, peindre le combat lui-même aurait desservi l'image de Napoléon tant l'affrontement fut violent.
Nous sommes au milieu du Ier Empire, Napoléon poursuit sa politique expansionniste mais les Français commencent à souffrir des conscriptions successives.
Ce tableau a pour but de redorer l'image de l'empereur, ici représenté dans sa grande mansuétude et exprimant une profonde compassion devant l'horreur du champ de bataille.
Vivant-Denon lance un concours que Gros remporte car son message de propagande reste subtile: il montre un Napoléon vainqueur tout en laissant visible le réalisme de la violence, bien qu'atténuée.
Le tableau est bien reçu par les critiques et apprécié de Napoléon qui remet la Légion d'Honneur au peintre; il rentre par ce tableau dans le cercle de l'élite artistique.
zoom sur:
Napoléon
Il apparaît dans une lumière presque surnaturelle qui n'éclaire que lui. Alors que Murat s'agite sur son cheval cabré, l'empereur garde un certain calme et étend la main, répondant au geste du lituanien, pour manifester son apitoyement.
Le tableau est une véritable mise en scène de l'ennemi troublé par l'humanité de Napoléon. Le Prussien en vient même à embrasser l'emblème de Napoléon, l'aigle, sur la selle du cheval.
Il se présente ici presque comme un libérateur (de par son geste) alors qu'il visite le champ de bataille. Un cadavre sous les pieds de sa monture rappelle que la mort ne fut pas loin: Napoléon n'y échappa que de justesse, grâce à la charge de Murat.
Le mort, couché sur le dos, au premier-plan, est d'une certaine façon le pendant antithétique de Napoléon: le vainqueur et le vaincu. Gros s'est appliqué à peindre les cadavres, leur peau bleuie par le froid et la mort, le sang coagulé ou gelé sur la lame de la baïonnette. Seuls des vaincus sont représentés morts.
Conclusion
Ce tableau se situe entre peinture d'histoire et peinture de propagande.
La subtilité de la propagande réside dans le fait que Napoléon est presque relégué au second plan pour insister davantage sur la souffrance; cependant la représentation est bien loin de la réalité, les témoins décrivant cette bataille comme étant une véritable "boucherie".
Le petit plus:
C'est à la bataille d'Eylau que le Colonel Chabert, héros du roman de Balzac, se fait blesser à la tête.
Bibliographie
O'BRIEN D., Antoine-Jean Gros, Paris, Gallimard, 2006, p.154-189
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Date de dernière mise à jour : 17/03/2016